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Follow the river

Samedi 12 Juillet.

Réveil à 8h, et le brouillard, encore... La nuit a été difficile: il ne fait jamais nuit quelque soit l’heure et comme le terrain est en pente nous glissons l'un sur l'autre dans la tente pendant notre sommeil.

Camille, Ester et Caroline montent à la tanière pour le premier tour de garde de Caroline tandis que Jonathan part seul de son coté, nous nous retrouvons seuls avec Philippe pour le petit déjeuner. Je fais la vaisselle, range la tente, vérifie que les vêtements d’hier ont pu sécher… et non, ils sont toujours trempés. Je commence à me demander dans quelle galère je me suis embarquée.

Regle n°1 pour bien dormir: trouver un terrain plat !

A 14h, Camille et Ester viennent me chercher pour m’accompagner à la tanière. Nous croisons au début de notre marche le groupe de 6 Islandais qu’Ester accompagnait jeudi sur le bateau, elle leur propose de nous suivre jusqu’à mi-chemin en leur disant que c’est moi qui sert de guide... Me voilà à la tête d’un groupe de 8 personnes que je dois guider dans le brouillard avec pour seul repère un pauvre ruisseau… « Follow the river, follow the river » me martèle Ester. Facile à dire quand on sait quel ruisseau il faut suivre, il a tellement plu que toutes les flaques finissent par former des ruisseaux ! En chemin nous croisons un guillemot perdu. Normalement ces oiseaux vivent sur les falaises, pas sur les ruisseaux dans les terres. Alors si même les oiseaux se perdent, comment je vais faire demain pour m’y retrouver quand je serais seule?

Mais où est la mer?!?

Voilà: normalement c'est là qu'habite les guillemots!

Finalement nous arrivons au sentier de randonnée qui longe la falaise de l’autre coté d’Hornvik et au moment de quitter le groupe d’Ester nous apercevons un renard à travers le brouillard, un oiseau dans la gueule. Arrivée au terrier, Caroline m’explique qu’elle a vu le même renard s’approcher de la tanière : il s’agit de Pyjama, la femelle que nous devons suivre cette semaine.

Caroline nous quitte à 16h30, transie de froid et trempée par le brouillard. Camille reste me tenir compagnie jusqu’à 17h30 avant de redescendre au camp où son bateau l’attend. Je dis également au revoir à Ester qui part seule de l’autre coté du fjord où elle doit retrouver un autre groupe. Je fini par me retrouver seule pour mon premier tour de garde, sur un rocher à quelques mètres de la tanière pour pouvoir voir ce qui s’y passe.

Sauf qu’il ne s’y passe rien. Rien du tout. Pas un bruit pendant 4h, rien d’autre que le bruit des oiseaux sur la falaise toute proche, le brouillard de plus en plus épais et mes pieds de plus en plus gelés… Je mange un sandwich au bout d’une heure, patiente, puis mange quelques graines, bois de la soupe pour me réchauffer. Rien n’y fait, je suis gelée et je commence à piquer du nez. Vers 20h30 je décide de rentrer au camp tant les conditions sont mauvaises.

Sur le trajet je retrouve le guillemot perdu dans sa flaque. Il n’arrive toujours pas à s’envoler, ne sachant pas de quel coté est la mer. Je m’écarte pour ne pas l’effrayer, si demain il est toujours là j’essaierai de le faire descendre dans la bonne direction (si un renard ne le trouve pas avant).

Arrivée au camp à 9h30, je retrouve Camille dont le bateau a été annulé à cause du mauvais temps. Fatiguée et déçue de n’avoir rien vu là-haut, je vais me coucher directement sans manger. Philippe arrive quelques minutes plus tard : il a lui aussi quitté on poste en avance à cause du froid. Sauf que lui il a vu des renards, et même toute la famille ! Il m’explique que les renards ont accepté sa présence sans difficulté, et qu’il a pu les observer pendant 4h avec les petits. D’ailleurs ils ne sont plus que 7 sur les 8 qu’avait dénombré l’équipe du juin. Ses photos sont superbes, j’enrage…

Demain j’aurai peut-être plus de chance.

Dimanche 13 Juillet.

Réveil à 9h. Pluie et brouillard. Quelle originalité !

Nous déjeunons avec Camille qui attend toujours son bateau pour rentrer. Nous échangeons quelques idées pour nous maintenir au sec pendant nos tours de garde. Nous décidons de prendre de grands sacs poubelle de 100L pour nous faire des jupes en coupant le fond. Ainsi nous pourrons nous asseoir et garder nos fesses au sec pendant 6h. Je prends également un pull en laine et une polaire de rechange, ainsi que des chaussettes supplémentaires et mes bottes fourrées The North Face prévues pour marcher dans la neige. Il n’est pas question de me geler comme la veille, je suis motivée pour tenir mes 6h quoi qu’il arrive.

Même pas froid!

Je pars donc à 15h avec un sac plein de vêtements, de chaussures, d’appareils photos et d’objectifs, de sandwichs, de soupe et de chocolat (au cas où). Je suis chargée comme un mulet et j’ai tout d’un coup une petite pensée pour ma mère : si elle me voyait elle n’en reviendrait pas…

Je croise le guillemot de la veille à mi-chemin et décide de le faire courir un peu dans le sens de la pente en espérant qu’il s’envole. Sauf qu’il ne s’envole pas et que quand je décide de laisser tomber le sauvetage de l’oiseau je ne sais plus du tout où est passée ma rivière… Je suis donc la pente en montant dans cette sa…rie de brouillard, et fini par retrouver le sentier qui mène à la tanière. J’y retrouve une Caroline gelée qui me dit qu’elle a à nouveau vu passer la femelle Pyjama 2h plus tôt. Mais malheureusement rien d’autre n’est à signaler.

Mais où sont les renards?

Il faut se rendre à l’évidence : les renards ont déménagé. C’est assez courant lorsqu’ils ont des petits et que leur tanière est trop près d’un sentier où ils sont dérangés fréquemment par les randonneurs, même si ces derniers ne sont pas conscients de traverser une « propriété privée ». Sur le territoire d’un couple de renard, il y a plusieurs tanières qu’ils occupent en fonction de l’âge des petits ou de la proximité de leur zone de chasse. Reste à les trouver dans cette soupe de brouillard.

J’entame alors mon tour de garde en sachant que je ne verrai pas de renards.

Déçue, je tiens le coup jusqu’à 21h et fini par battre en retraite, une fois de plus gelée mais tout de même au sec grâce au stratagème de la jupe en sac poubelle.

De retour au camp, je vais me coucher en écoutant Philippe me raconter comment il a vu les petits de sa tanière jouer pendant des heures. J’enrage un peu plus que la veille.

Demain il faut trouver une solution avec Caroline pour localiser notre famille de renard, quitte à faire de l’exploration en plus de nos heures de garde.


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